JE VIS DE MA PASSION. Pascaline, Artiste "Si c’est un rêve, il faut vraiment se l’autoriser"
03 mai 2023
Peux-tu expliquer quel est ton métier, ce que tu fais et comment ça a commencé ?
Je suis Artiste Peintre, à mon compte depuis 2 ans. J’exerçais au départ en «à côté » et puis à un moment on se dit, soit on y va, soit on n’y va pas ! Donc je me suis lancée à 100%.
Quand j’ai commencé, il fallait que je trouve un métier qui allie visibilité et des rentrées d’argent assez conséquentes car je faisais de l’illustration. Mais l’illustration c’est bien quand on a un réseau, donc j’ai commencé par le graph.
J’ai eu une opportunité en 2018 et là je me suis dit : «Allez hop c’est parti !», et je suis partie vraiment à l’arrache (rires), et puis j’ai commencé mon 1er graph, première bombe de peinture.
Pour la petite anecdote, le premier magasin que j’avais sélectionné pour acheter mon matériel m’a envoyé bouler clairement ! D’un, j’étais une femme et de deux, je n’avais jamais graffé donc de toute façon je ne savais pas faire. Je suis sortie, j’ai chialé (rires). J’étais tellement démoralisée.
J’ai fait mon 1er graph en 2018, puis un autre, puis un troisième, puis ça s’est fait de bouche à oreille et en 2020 il y a une mairie qui m’a connecté et qui m’a dit « On a un projet de fresque, est-ce que vous êtes partant ? ».
Je n’étais pas très sure de moi donc j’avais commencé une autre activité à côté en tant que consultante car j’ ai 10 ans d’expérience dans la fonction publique territoriale en tant que responsable de service espace vert. Je m’occupais du fleurissement dans les collectivités.
Mais c’est un métier que j’avais choisi par dépit car on m’a toujours dit qu’Artiste ce n’était pas un vrai métier.
Donc tu as commencé par le graph mais tu fais tout le panel artistique qui existe
Oui c’est ça. Je fais autant de la BD que des commandes de tableaux, que des expositions. Là on a lancé une campagne de financement participatif pour faire des peintures murales dans les chambres d’enfants en situation de Handicap. Et puis on veut développer ça avec des ateliers pour les enfants dans les hôpitaux, proposer des services, réaliser des fresques en version collective avec des enfants et des adultes.
C’est en fait utiliser l’art, pour mettre en place des projets, embellir des cadres de vie, dans les entreprises ou des collectivités ! Ça reste assez large !
Tu as fait 10 ans dans un tout autre domaine, donc le déclencheur tu disais c’est une proposition de faire ton premier graph, et c’est à ce moment là où tu t’es dit dit « J’y vais », il y avait d’autres déclencheurs qui t’ont aidé à te lancer ?
Oui d’autres déclencheurs car il y a un chemin de vie.
Être à son compte, c’est quand même très lié avec le côté perso, et puis c’est un gros travail sur soi de s’autoriser à franchir le cap aussi quand on est dans un milieu qui ne côtoie pas nécessairement des personnes qui sont entrepreneurs.
Mon entourage, tout le monde était salarié, donc il y avait aussi une peur d’être à son compte.
Aussi, personne ne connaissait vraiment ce que c’était le métier d’artiste. Et quand le moment est venu de choisir mes études, c’était « Ok tu sais dessiner mais qu’est-ce que tu vas faire ? Et encore tu dessines ! ». Il fallait trouver quelque chose d’autre.
J’ai eu l’opportunité de rentrer dans une école d’horticulture privée, qui a été une très belle rencontre et une très belle découverte. C’était assez large donc ça me laissait le choix sur plein de choses au niveau projet futur et professionnel, mais par contre il y avait quelque chose qui était très ancré, c’était être à mon compte.
Après, les gens autour disaient « C’est quand même mieux d’avoir un métier sûr. », et donc je suis rentrée dans la fonction publique territoriale. En 2017 quand j’ai rencontré mon conjoint, la 1ère des chose qu’il m’a dit c’était « Ben écoute vas-y ! Lance toi ! », sauf que je n’avais pas encore de réseau.
C’était un des déclencheurs, le fait qu’on m’autorise, le fait qu’on me dise « Vas-y tu peux.», d’avoir des personnes autour qui te soutiennent.
Donc il y a l’envie et l’environnement.
Oui c’est ça, exactement et le côté «Securité» car financièrement, il faut une trésorerie et puis savoir qu’on a des gens sur qui on peut compter si on a besoin.
Comment tu te sens tous les jours quand tu vas travailler ?
Ça dépend. Quand j’ai quitté mon boulot et que j’ai commencé à me lancer dans mon activité c’était « Wow !». C’était merveilleux.
Après, l’aspect sécuritaire m’angoisse très vite. Quand j’ai des projets qui ne rentrent pas ou qui ne se font pas, ou des clients qui trainent à payer, ça m’angoisse et ça a tendance à ronger la partie passion justement.
Avec un boulot passion, c’est difficile de prendre le recul nécessaire pour se dire : «C’est un travail en fait.». Et cette limite est très fine. Après, je prends toujours du plaisir même si c’est des projets qui me bottent moins.
Donc la contrainte à vivre de sa passion est d’allier l’aspect «je rentre suffisamment d’argent pour vivre» et «je vis de ce que j’aime faire» ?
Oui c’est ça, trouver un équilibre entre les deux. On va souvent à tâtons parce que quand on fait un métier qui sort du cadre, surtout dans le métier artistique. Moi quand j’ai commencé dans une région que je ne connaissais pas, j’ai proposé mes services un peu à tout le monde pour justement que chacun puisse s’identifier à ce que je proposais.
Le truc c’est de trouver un équilibre entre «On va faire des choses pour des clients.» et le côté «artistique» où on peut s’éclater, avec des projets plus personnels ou plus engagés.
Si tu devais refaire ton histoire professionnelle, est-ce que tu changerais quelque chose ?
Oui et non.
Oui car j’aurais aimé avoir certaines bases professionnelles, aimé travailler dans l’animation et faire des études d’art.
Et non parce qu’en même temps, tout le cheminement que j’ai fait m’a emmené là où je suis. Et des fois quand on a quelque chose tout de suite, on ne peut pas l’apprécier, alors que toutes les galères, ce par quoi on est passé, le fait d’être arrivé à ce point et se dire « Wow, ça y est, j’ai réussi ! », c’est ce qui fait aussi la valeur de la démarche.
Qu’est-ce que tu dirais à quelqu’un qui hésite à passer le cap, soit se lancer en indépendant pour vivre de sa passion, soit changer de job et faire ce qu’il a envie de faire ?
Je lui dirais d’oser le faire. Mais de le faire petit pas par petit pas. Pas de claquer la porte de son boulot, en disant «Je me lance demain.»
Poser des jalons, créer une communauté, se renseigner tout autour, développant les personnes sur qui on peut compter, et c’est super important.
J’avais un ego qui était très marqué dans le côté « Ouais c’est bon, j’ai besoin de personne.». Mais je me suis rendu compte que non, c’est beaucoup plus enrichissant de pouvoir compter les uns sur les autres.
Donc de la patience, de la persévérance et il ne faut pas oublier ses objectifs, il faut savoir revenir au pourquoi on a envie de faire ça. Parfois on oublie ses objectifs et c’est pour ça que l’entourage est important, nous rappelle « Tu as des capacités, t’as plein de choses à offrir, il ne faut pas abandonner.». On ne revient jamais à zéro!
Même si c’est loin, si c’est long à mettre en place, si c’est un rêve, une envie il faut vraiment se l’autoriser, mais ça ne se fait pas en 2 jours .
Merci beaucoup Pascaline !
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