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EQUILIBRE VIE PRO - VIE PRIVEE JE GERE : Alexis "Il y a la flexibilité de l’entreprise, le cadre légal mais aussi la structure managériale qui joue le jeu"

Interviews

28 avril 2023

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Est-ce que tu peux décrire en quelques mots quel est ton job ?

Je suis commercial dans le secteur de la donnée financière. Le but est de vendre des produits liant la donnée financière des fonds d’investissement créées par des sociétés de gestion à un public de clients de ces sociétés de gestion à savoir des distributeurs, qui sont soit des banques privées, des groupes d’assurance notamment ou d’autres plateformes aussi bien de distribution pour des clients institutionnels ou retail.

Quel est ton rythme de travail ?

Classique, 40h par semaine. L’avantage c’est que la compagnie est assez flexible. Les employés peuvent arriver plus ou moins tôt et repartir plus ou moins tard. Cela permet d’entrecouper, et d’être plus flexible que l’approche traditionnelle du 8h-17h.

Après c’est une question d’organisation personnelle et de choix en fonction de la situation familiale de chaque employé.

Quelle est la gestion avec le télétravail ?

Il y a une notion fiscale qui impacte et différencie les résidents et non-résidents.

Pour les résidents (luxembourgeois), on a 100 jours par an, ce qui correspond à 2 jours de télétravail par semaine en moyenne. Mais on gère à l’année, l’approche est super flexible, par exemple on peut faire 1 semaine de télétravail puis 1 semaine temps plein au bureau.

C’est assez libre sur le choix et l’organisation.

Pour toi, qu’est-ce que représente ton travail ? Est-ce une fin ou un moyen ?

C’est un moyen car on a tous des passions en dehors de nos carrières professionnelles.

Après c’est important de trouver une occupation qui apporte une certaine motivation et drive, mais ce n’est pas essentiel !
Il faut être assez pragmatique et savoir que les rémunérations sont liées aux postes ayant le plus de responsabilités et peut être aussi de finalités. C’est toujours une question de dosage.

Il ne faut pas s’attendre non plus à gagner énormément si on n’a pas un poste à responsabilités, et fatalement aussi à des heures un peu plus longues que du 8h-17h.

Pour avoir ta balance perso/pro, comment tu gères ta charge de travail ?

C’est aussi une question de fonction.
Dans mon rôle de commercial, on est moins dépendant d’horaires fixes, et de charges répétitives de travail. En comparaison aux opérations, j’ai des process moins importants, moins mécaniques ou répétés.

On est au contact de la clientèle, donc on doit avoir une flexibilité, et c’est primordial. On a des battements, des temps morts, plus importants que sur des rôles plus opérationnels. C’est donc à chacun de s’organiser pour ramener les chiffres.

En fonction des entreprises et des expériences, j’ai pu voir qu’il y a quand même des entreprises qui préfèrent fliquer ou être très vigilant avec leurs commerciaux.

Dans mon cas actuel, je suis dans un cadre plus Anglo-saxon avec plus de souplesse, mais à un moment si tu ne fais pas tes chiffres, il y a sanction et c’est normal ! C’est une question d’état d’esprit qui me convient parfaitement, avec laquelle je suis en adéquation.

Tu disais que c’est un état d’esprit, qu’est-ce qui est important pour toi ?

Pour moi, c’est gérer mon temps.

Comme je fais beaucoup de sport, j’ai ce besoin de pouvoir m’organiser à travers une journée. Je veux avoir la possibilité de faire mon entrainement aussi bien le matin que le midi ou le soir.
Mais quand on fait des entrainements assez poussés, on a besoin d’une certaine fraicheur physique, donc le faire le soir après 19h, c’est compliqué quand on rentre du boulot. Donc c’est possible de le faire entre 12h et 14h, à 16h ? à 17h ou à 7h ? Et de pouvoir arriver au travail à 9h30 ? C’est important pour moi. La situation actuelle fait que je suis capable de prendre ce temps.

Le télétravail a vraiment redistribué les cartes, on est capable de partir du bureau à 16h30 par exemple, de faire son sport puis de se reconnecter à 19h, 20h pour finaliser sa journée de travail.

Qu’est-ce que tu penses de l’ancienne génération, nos parents, qui avaient cet état d’esprit de travail-travail sans forcément de regarder le «à côté» ?

Je ne pense pas que ce soit comparable.

À l’époque, on était beaucoup moins joignables hors bureau. On avait des horaires plus fixes, ça turbinait pendant ces horaires, avec une loyauté et un cadre d’entreprise qui étaient différents.

Concernant la relation du travail, c’était les heures. Les heures étaient les heures. On n’avait pas des emails avec BlackBerry, pas de téléphone portable, pas cette pression de la réponse et d’être disponible en permanence. Les mentalités étaient complètement différentes, on attendait que le téléphone sonne et les gens n’étaient pas non plus équipés tout le temps. Je pense que l’approche était complètement différente, il y avait le temps d’avoir le temps. Ce qui n’empêchait pas les deals de se faire. C’est l’approche qui a changé.

Sur la structure, la loyauté, le monde du travail était moins organisé de manière compétitive. On avait un plein emploi mais les attentes des employeurs et les attentes des employés étaient différentes, ce n’était pas vraiment le même équilibre.

Et à contrario, ce qu’on entend de la nouvelle génération, les gens qui arrivent sur le marché du travail, la vingtaine, qui souhaitent privilégier leur vie personnelle, tu en penses quoi ?

Je pense que c’est important, mais il y a un problème de légitimité. C’est beaucoup de gens qui ne sont pas prêts à faire les efforts nécessaires au début d’une carrière.

Quand on est jeune, le travail est formateur pour beaucoup de choses. Ça permet de s’organiser, de se créer soi-même d’une certaine façon, aussi bien en privé qu’en vie professionnelle.

C’est bien de pouvoir avoir l’option de changer de carrière, de se réorienter, de se réinventer soi-même, mais à un moment, il y a une réalité économique et financière qui va toucher ces gens. Ça les fera rentrer dans le moule d’une certaine façon.

Les opportunités sont peut-être là: pouvoir privilégier son développement personnel mais après à quel prix, avec quelles attentes. C’est un peu dangereux pour certains de se remettre en question comme ça, car quelle va être la finalité et qu’est-ce qu’ils vont apprendre de ces expériences.

Il y a beaucoup d’attente. Les jeunes sont beaucoup moins prêts à travailler au début. Ils s’attendent à ce que tout leur tombe dans la bouche d’une certaine façon. C’est assez dangereux je crois.
La société a une influence assez négative, notamment avec les influenceurs, Instagram, les stars de la téléréalité, les fausses informations de création de valeur.

C’est un peu oublié qu’il y a énormément d’entrepreneur qui ont énormément travaillé, et c’est pour ça qu’ils sont très « successful » dans leur travail. Il ne faut pas oublier cette dimension.
C’est toujours beaucoup plus facile de voir le succès sans voir le revers de la médaille, et c’est ce que la nouvelle génération a du mal à comprendre.

Aujourd’hui, tu as une bonne balance vie perso et pro, notamment grâce à la flexibilité que l’entreprise te donne, qui est peut-être la clé pour gérer cette balance ?

Exactement, il y a la flexibilité de l’entreprise, le cadre légal avec la société mais aussi la structure managériale qui joue le jeu. Effectivement ça doit être différent pour d’autres personnes de la même entreprise qui n’ont pas forcément la même ligne directe. Les profils de managers sont différents.

Je crois qu’on a tous eu dans notre carrière au moins une fois un manager en reporting direct qui était plus tyrannique ou présent, où on sent le souffle chaud dans la nuque pour des raisons absolument pas valables, avec un style de non-management.

Cette dimension rentre aussi dans l’équation pour cette balance.

Merci beaucoup Alexis !

Cathy
Co-Fondatrice d'Uniios